Maroc : La santé bucco-dentaire des enfants, un véritable problème de société
Publié le 23.10.2013
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La carie dentaire touche 72% des enfants âgés de moins de 12 ans au Maroc, révélait récemment le ministère de la santé. Des données qui n'ont pas laissé indifférents, surtout concernant cette frange de la population très tôt exposée aux problèmes de santé bucco-dentaire. Mais pour certains dentistes, les campagnes de sensibilisation menées un peu partout dans le pays sont encore insuffisantes, car les facteurs encourageant cette situation demeurent. Détails
L’ONG Dental Maverick vient d’achever sa mission à El Jehba, un village situé dans la province de Chefchaouen, où son équipe se rend chaque année pour donner des soins aux enfants de la région. Cette fois, beaucoup d’entre eux se sont fait arrachés les dents, car celles-ci étaient pour la plupart « en décomposition », indique à la presse le co-fondateur du projet, Jaspal Sandhu.
Selon l’équipe de bénévoles, la forte consommation de sucre, notamment dans le thé, représente – entre autres - l’une des causes de cette mauvaise santé bucco-dentaire chez les enfants. M. Sandhu décrit des enfants qui souffraient énormément de douleur dentaire avant leur arrivée, car la région manque énormément de dentistes. L’ONG parle d’un dentiste pour 50 000 habitants.
Mais le fait est que les autres régions du pays où on pourrait pourtant trouver un nombre plus important de dentistes, le problème de santé bucco-dentaire chez les enfants reste d’actualité. D’après les chiffres du ministère de la Santé, la carie dentaire touche 72% des enfants âgés de moins de 12 ans dans le pays.
Mentalité et moyens financiers, principaux freins
Selon le docteur Amal Bennis, un « problème de mentalité ». « Les parents pensent que ce n’est pas la peine de traiter les dents de lait des enfants, car elles vont forcément tomber. Mais ils ont tords », explique-t-elle.
En 20 ans d’expérience, Dr Bennis relève, toutefois, un léger changement ces dernières années. « Les mentalités évoluent peu à peu, car moi par exemple, je reçois de plus en plus des enfants de 4 ou 5 ans en consultation. Certaines personnes ne veulent pas commettre, avec leurs enfants, les mêmes erreurs de leurs parents avec eux », explique la dentiste. Mais ceux qui ont compris, on les compte sur le bout des doigts, car un autre facteur intervient, celui des moyens financiers. « Les soins dentaires coûtent chers et ne sont pas tous remboursables. En plus, les familles marocaines n’ont pas toutes une assurance », remarque le docteur. Du coup, elles n’ont pas toutes les moyens de s’offrir des visites chez le dentiste.
1 tube de dentifrice par an, une brosse à dents tous les 4-5 ans
Ce qui pose, souvent, un réel souci d’hygiène. Le fait est que les enfants ne sont pas les seuls concernés. Et les chiffres révèlent bien la gravité de la situation. « Statistiquement, les Marocains utilisent seulement un tube de dentifrice par personne et par année, une brosse à dents tous les 4-5 ans ! À nous de faire un véritable travail de prévention et de sensibilisation pour éviter des affections bucco-dentaires, qui entraînent des complications », affirmait récemment à la MAP Adnane Mrini, vice-président de l’Ordre national des médecins dentistes du Maroc.
Du pain sur la planche
L’Ordre, pour sa part, multiplie les efforts pour remédier à cette réalité. Il a lancé en septembre dernier, le projet pilote d'un Programme national de prévention au sein des cabinets dentaires privés. Ce programme a démarré avec la ville de Marrakech où, pendant trois mois, 10 000 personnes recevront des soins. La même chose pourrait être reproduite dans les autres villes du royaume chérifien.
Par ailleurs, certains dentistes s’y mettent à titre personnelles. C’est le cas du docteur Bennis qui, chaque année, organise - dans son cabinet - une journée de sensibilisation pour les enfants. « Mon cabinet est dans un quartier populaire donc nous accueillons les enfants et leur montrons comment se brosser les dents. Nous faisons un réel travail de sensibilisation », explique-t-elle.
Malgré tout ce qui se fait en ce moment, ainsi que les légères évolutions notoires, le docteur Bennis estime qu’il y a encore beaucoup à faire. D’autant plus que « tout ce qui concerne la dentisterie peut avoir des répercussions sur la santé générale de l’individu ».
Publié le 23.10.2013
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La carie dentaire touche 72% des enfants âgés de moins de 12 ans au Maroc, révélait récemment le ministère de la santé. Des données qui n'ont pas laissé indifférents, surtout concernant cette frange de la population très tôt exposée aux problèmes de santé bucco-dentaire. Mais pour certains dentistes, les campagnes de sensibilisation menées un peu partout dans le pays sont encore insuffisantes, car les facteurs encourageant cette situation demeurent. Détails
L’ONG Dental Maverick vient d’achever sa mission à El Jehba, un village situé dans la province de Chefchaouen, où son équipe se rend chaque année pour donner des soins aux enfants de la région. Cette fois, beaucoup d’entre eux se sont fait arrachés les dents, car celles-ci étaient pour la plupart « en décomposition », indique à la presse le co-fondateur du projet, Jaspal Sandhu.
Selon l’équipe de bénévoles, la forte consommation de sucre, notamment dans le thé, représente – entre autres - l’une des causes de cette mauvaise santé bucco-dentaire chez les enfants. M. Sandhu décrit des enfants qui souffraient énormément de douleur dentaire avant leur arrivée, car la région manque énormément de dentistes. L’ONG parle d’un dentiste pour 50 000 habitants.
Mais le fait est que les autres régions du pays où on pourrait pourtant trouver un nombre plus important de dentistes, le problème de santé bucco-dentaire chez les enfants reste d’actualité. D’après les chiffres du ministère de la Santé, la carie dentaire touche 72% des enfants âgés de moins de 12 ans dans le pays.
Mentalité et moyens financiers, principaux freins
Selon le docteur Amal Bennis, un « problème de mentalité ». « Les parents pensent que ce n’est pas la peine de traiter les dents de lait des enfants, car elles vont forcément tomber. Mais ils ont tords », explique-t-elle.
En 20 ans d’expérience, Dr Bennis relève, toutefois, un léger changement ces dernières années. « Les mentalités évoluent peu à peu, car moi par exemple, je reçois de plus en plus des enfants de 4 ou 5 ans en consultation. Certaines personnes ne veulent pas commettre, avec leurs enfants, les mêmes erreurs de leurs parents avec eux », explique la dentiste. Mais ceux qui ont compris, on les compte sur le bout des doigts, car un autre facteur intervient, celui des moyens financiers. « Les soins dentaires coûtent chers et ne sont pas tous remboursables. En plus, les familles marocaines n’ont pas toutes une assurance », remarque le docteur. Du coup, elles n’ont pas toutes les moyens de s’offrir des visites chez le dentiste.
1 tube de dentifrice par an, une brosse à dents tous les 4-5 ans
Ce qui pose, souvent, un réel souci d’hygiène. Le fait est que les enfants ne sont pas les seuls concernés. Et les chiffres révèlent bien la gravité de la situation. « Statistiquement, les Marocains utilisent seulement un tube de dentifrice par personne et par année, une brosse à dents tous les 4-5 ans ! À nous de faire un véritable travail de prévention et de sensibilisation pour éviter des affections bucco-dentaires, qui entraînent des complications », affirmait récemment à la MAP Adnane Mrini, vice-président de l’Ordre national des médecins dentistes du Maroc.
Du pain sur la planche
L’Ordre, pour sa part, multiplie les efforts pour remédier à cette réalité. Il a lancé en septembre dernier, le projet pilote d'un Programme national de prévention au sein des cabinets dentaires privés. Ce programme a démarré avec la ville de Marrakech où, pendant trois mois, 10 000 personnes recevront des soins. La même chose pourrait être reproduite dans les autres villes du royaume chérifien.
Par ailleurs, certains dentistes s’y mettent à titre personnelles. C’est le cas du docteur Bennis qui, chaque année, organise - dans son cabinet - une journée de sensibilisation pour les enfants. « Mon cabinet est dans un quartier populaire donc nous accueillons les enfants et leur montrons comment se brosser les dents. Nous faisons un réel travail de sensibilisation », explique-t-elle.
Malgré tout ce qui se fait en ce moment, ainsi que les légères évolutions notoires, le docteur Bennis estime qu’il y a encore beaucoup à faire. D’autant plus que « tout ce qui concerne la dentisterie peut avoir des répercussions sur la santé générale de l’individu ».